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Depuis bientôt quatre décennies, l’Élorn est classé en contexte conforme, c’est-à-dire que la qualité de son milieu naturel est parfaitement apte à abriter une bonne population de truites fario.
En conséquence l’Élorn ne fait l’objet d’aucun déversement de truites et fait l’objet d’une gestion patrimoniale (conformément au PDPG, les déversements (arcs-en-ciel) sont réservés aux plans d’eau classés en contexte perturbé (Lac du Drennec, étangs de Landivisiau…). Le pêcheur est donc assuré de capturer du poisson sauvage sur notre rivière (la prise accidentelle de truites arc-en-ciel en rivière est cependant possible, ces poissons pouvant s’échapper d’une des trois piscicultures industrielles ; installations qui restent des sources de nuisances pour la rivière, même si des efforts d’épuration notables ont été réalisés ces dernières années).
La truite fario reste fortement présente dans l’Élorn, comme en atteste les inventaires piscicoles par pêches électriques et les témoignages des fines gaules qui, avec de bonnes conditions, peuvent faire encore de belles pêches.
Néanmoins la truite fario sauvage, indicatrice de la qualité des eaux est sensible aux atteintes environnementales, notamment la diminution des invertébrés, liée à l’utilisation des pesticides issus de pratiques agricoles depuis plusieurs décennies. L’écroulement des populations d’insectes est avéré et confirmé par de nombreuses études françaises et étrangères (Allemagne, Royaume Uni…) avec un impact inévitable sur les populations essentiellement insectivores de truitelles et de tacons. Tout doit être mis en œuvre pour supprimer l’utilisation de ces produits toxiques, en premier lieu pour préserver la santé humaine.
En outre il ne fait aucun doute que cette richesse serait bien supérieure si nous n’avions à déplorer la redoutable prédation du grand cormoran (Phalacrocorax carbo), tout particulièrement dans le cours inférieur. Il est en effet estimé que cet oiseau consomme 900 g de poisson par jour en période de nidification, 300 g en hiver, 450 g en moyenne. Un seul couple soustrait donc à la rivière 330 kg de poisson par an ! Fort heureusement, la densité et la qualité des nombreux affluents et sous-affluents, constituent autant de zones de frayères et de nurseries, permettant de limiter l’impact de cet oiseau, moins présent sur ces petits émissaires.
Sur la plupart des affluents, la truite est abondante, même s’il s’agit le plus souvent de truitelles. Il est toutefois possible dans certains de ces petits cours d’eau de capturer des sujets de 25 cm et plus, exceptionnellement jusqu’à 30 cm. Le toc et l’ultra-léger sont ici les techniques à privilégier, mais également la mouche dans les prairies aux rives encore dégagées.
Dans le cours principal, toutes les méthodes de pêche sont pratiquées, mais l’Élorn se prête parfaitement à la mouche surtout dans le cours inférieur et de bons secteurs de son cours moyen.
Depuis quelques années, les émergences sont, hélas, beaucoup moins abondantes et régulières. On peut toutefois tirer son épingle du jeu en pêchant l’eau ou en pratiquant la mouche noyée ou la nymphe qui, depuis quelques années a gagné de nombreux adeptes.
La taille moyenne des truites de l’Élorn se situe autour des 25 cm. Les cours moyen et supérieur sont à prospecter, mais c’est dans le cours inférieur que l’on trouve les plus gros poissons.
À noter depuis quelques années un phénomène apparemment observé dans d’autres cours d’eau du département : la capture de gros poissons : 40-45 cm (parfois plus). Serait-ce un effet de la pratique de plus en plus courante du no-kill, ce que nos amis québécois appellent la graciation ?
Au-delà de la nécessité de préserver les populations de truites fario aujourd’hui fragilisées et en forte diminution dans certains cours d’eau, il convient de privilégier les modes de pêche les moins vulnérants : utilisation d’un hameçon simple à l’ultra-léger (cuiller et poissons nageurs), écrasement de l’ardillon, prime à la pêche à la mouche, remise à l’eau précautionneuse du poisson.
L’association travaille à la réactualisation d’un code de bonne conduite en faveur des pratiques halieutiques respectueuses. Nous ne sommes pas des inconditionnels de la graciation généralisée, mais nous considérons que le remplissage des paniers, pratique archaïque et destructrice d’une ultra-minorité, n’est évidemment plus acceptable.
Rappelons que le quota journalier par pêcheur est fixé à trois poissons pour l’ensemble du bassin versant de l’Élorn (arc-en-ciel et fario confondues), dans les cours supérieurs de la Flèche et de l’Horn.
Pour en savoir plus > Voir réglementation « Je pêche la truite en rivière »