J -
Dans les années 1960, quelques captures de ce poisson de la famille des sardines étaient signalées dans l’Élorn par des pêcheurs opérant à la cuiller et essentiellement dans le secteur dit des Crins à Landerneau (Elorn aval).
Deux décennies se sont écoulées avant le signalement de nouvelles captures. En effet, durant la période de fonctionnement de la première trappe de comptage manuel sur le site de Kerhamon (1984-1985), ces migrateurs se comptaient sur les doigts des deux mains.
Lors de la mise en service du système de vidéo-comptage (avril 2007), ce fut une grande surprise : 504 poissons dénombrés cette année-là, 443 en 2008. Une évaluation basse car d’une part, lors des fortes crues, des poissons échappent au comptage (surtout lors des printemps et étés extrêmement pluvieux de 2007 et 2008), d’autre part, de nombreux poissons se reproduisent en aval immédiat de la trappe sur un parcours d’environ 1,5 km. On peut donc estimer que plus de 1.000 aloses migraient sur l’Élorn en 2007 et 2008.
Comme dans les autres fleuves bretons, ces bonnes migrations ne se sont pas maintenues et jusqu’en 2021, ce sont tout au plus quelques dizaines de poissons qui passèrent annuellement devant la caméra de vidéo-comptage.
Depuis 2021, on assiste à nouveau à un fort rebond. 227 sujets en 2022, 465 en 2023 – la seconde meilleure année depuis la mise en service de la trappe de comptage -, 200 en 2024, dont de nombreux poissons de belle taille (60 cm, voire plus).
Il apparaît que les montaisons annuelles de ce migrateur ont toujours été fluctuantes. L’espèce étant semble-t-il moins inféodée à sa rivière d’origine que le saumon ou la truite de mer.
Les défenseurs des rivières et des poissons se réjouissent de ce retour significatif des migrations de la grande alose, poisson classé en danger d’extinction en France.
Cela alors que la situation apparaît de plus en plus préoccupante pour d’autres migrateurs emblématiques :
L’alose limite sa migration aux parties basses des cours d’eau. Sur l’Élorn, le parcours se concentre en aval de la station de Pont Ar bled et surtout sur le parcours à l’aval de Kerhamon, soit une dizaine de pools, généralement les plus lents et les plus profonds. Il est donc nécessaire de bien connaître la rivière pour pratiquer cette pêche.
Lors de printemps pluvieux et par forts débits, quelques rares poissons sont parfois observés plus en amont, notamment dans les secteurs de Pont-Christ et du barrage Jouan et, plus rarement, sur le parcours mouche du Quinquis.
Ce migrateur que l’on capture principalement à la mouche offre une excellente défense, surtout en début de migration.
De l’avis des scientifiques spécialistes de l’espèce, la manipulation de ce poisson, aussi précautionneuse soit elle, lui est le plus souvent fatale. Le no-kill n’est donc pas un argument en faveur de sa protection, fut-il le fait de moucheurs.
Reste le plaisir de garder quelques poissons dont la chair est excellente mais, hélas, truffée d’arêtes. Pour savourer, il convient donc de s’informer sur les recettes pratiquées dans le Sud-Ouest de la France.
En clair deux possibilités pour le pêcheur responsable :